LES INJECTIONS D'ACIDE HYALURONIQUE PEUVENT-ELLES COMBLER LA RIDE DU LION ?

Combler la ride du lion par toxine botulique

La ride du lion se présente comme un ou plusieurs sillons verticaux situés entre les sourcils. Souvent associée à une expression de sévérité ou de contrariété, cette ride constitue une plainte fréquente en consultation. Contrairement aux rides liées uniquement au vieillissement cutané, la ride du lion est avant tout d’origine musculaire : elle résulte de la contraction répétée des muscles corrugateurs et procerus, qui plissent la peau de façon chronique.
Si la toxine botulique, Botox, est le traitement de référence pour inhiber cette contraction, une autre solution peut être envisagée dans certains cas : les injections d’acide hyaluronique. Mais cette option est-elle pertinente ? Peut-on réellement traiter la ride du lion avec un produit de comblement dermique ? Dans quelles conditions ce geste est-il indiqué ? Et surtout, quels en sont les bénéfices, les limites, voire les risques ?
Ce texte propose une analyse complète et rigoureuse de l’efficacité des injections d’acide hyaluronique pour traiter spécifiquement la ride du lion.

Sommaire

Acide hyaluronique et ride du lion : une indication possible

L’acide hyaluronique est une molécule naturellement présente dans la matrice extracellulaire cutanée. Grâce à sa capacité exceptionnelle à retenir l’eau et à restaurer les volumes, il constitue un agent de comblement de référence dans le traitement des rides statiques.
La ride du lion, cependant, représente une situation particulière. Elle ne résulte pas seulement d’un relâchement cutané ou d’une perte de soutien liée à l’âge, mais d’une véritable cassure de la peau, provoquée par des contractions musculaires intenses et répétées. Dans ce contexte, une injection d’acide hyaluronique pratiquée sans tenir compte de la dynamique musculaire sous-jacente peut conduire à un résultat limité, voire inesthétique.
Ainsi, le comblement de la glabelle ne constitue pas une alternative directe au Botox. Il s’agit plutôt d’une approche complémentaire, réservée à des indications spécifiques, généralement lorsque la cassure persiste malgré la neutralisation musculaire.

Quand les injections d’acide hyaluronique sont-elles justifiées dans la ride du lion ?

L’acide hyaluronique trouve sa place dans la prise en charge de la ride du lion principalement dans deux situations bien définies :

  • Chez les patients présentant une ride statique profonde : il s’agit d’une cassure cutanée persistante, visible même en l’absence de contraction musculaire, malgré un traitement préalable par Botox. Dans ce cas, le relâchement musculaire a neutralisé la cause fonctionnelle, mais le pli dermique demeure. L’injection d’acide hyaluronique permet alors de lisser et d’atténuer cette marque résiduelle.
  • Chez les patients ne pouvant pas recevoir de toxine botulique, pour des raisons médicales ou personnelles. L’acide hyaluronique peut alors être utilisé avec prudence, en micro-injections superficielles, strictement limitées au derme, afin d’éviter toute complication liée à une injection trop profonde

Dans tous les cas, le comblement de la glabelle nécessite une évaluation dynamique rigoureuse. L’observation attentive des expressions du visage, au repos comme en mouvement, est indispensable pour définir un plan de traitement adapté et sécuritaire.

Anatomie particulière de la glabelle

La région glabellaire est l’une des zones les plus sensibles du visage sur le plan vasculaire. Elle est irriguée par un réseau artériel particulièrement dense, comprenant notamment les artères supratrochléaires et supra-orbitaires, dont certaines branches profondes communiquent directement avec la circulation ophtalmique. Cette configuration anatomique rend toute injection potentiellement à risque si le produit est mal positionné.
Le principal danger est l’embolie vasculaire : en cas d’injection accidentelle d’acide hyaluronique dans un vaisseau, le produit peut migrer et provoquer des complications sévères, allant de l’ischémie cutanée à une atteinte visuelle rare mais grave.
Pour ces raisons, le traitement de la ride du lion par comblement est strictement réservé aux médecins expérimentés, maîtrisant à la fois l’anatomie vasculaire et les techniques d’injection sécurisée, telles que l’usage de canules et la blanching technique.

Quels types d’acide hyaluronique utiliser pour la ride du lion ?

Le choix du produit est une étape déterminante. Contrairement aux zones profondes comme les sillons nasogéniens ou les tempes, la glabelle requiert un acide hyaluronique très fluide, faiblement réticulé, afin d’éviter toute correction excessive ou l’apparition de nodules visibles.
Les laboratoires proposent aujourd’hui des formulations spécifiquement élaborées pour le comblement des rides fines à modérément profondes, offrant une excellente tolérance tissulaire. Ces gels visent à corriger la cassure cutanée avec délicatesse, tout en respectant la dynamique naturelle des expressions du visage.
À l’inverse, l’utilisation d’un produit trop dense ou d’un volume excessif expose au risque de créer un relief inesthétique, voire un aspect figé. La réussite du traitement repose donc autant sur la subtilité du geste que sur l’adéquation du produit choisi.

Quelle est la durée du résultat après comblement de la ride du lion ?

L’injection d’acide hyaluronique dans la glabelle donne un résultat immédiat : la ride statique est visiblement atténuée dès la fin de la séance. L’effet optimal est généralement atteint après quelques jours, une fois que le produit s’est bien intégré dans le tissu.
La durée de tenue dépend de plusieurs facteurs : type de produit utilisé, profondeur de la ride, activité musculaire résiduelle, qualité de la peau. En moyenne, le résultat se maintient entre 6 et 10 mois, parfois plus en cas de traitement combiné avec du Botox.
Il convient toutefois de rappeler que l’acide hyaluronique ne traite pas la cause de la ride, c’est-à-dire la contraction musculaire, et que sans traitement de fond par toxine botulique, l’effet du comblement sera nécessairement plus éphémère.

Que disent les études médicales sur le comblement de la ride du lion?


La littérature scientifique consacrée à l’injection d’acide hyaluronique dans la ride du lion demeure plus restreinte que celle portant sur la toxine botulique, en raison d’une indication moins fréquente et de précautions accrues liées à la zone traitée. Néanmoins, plusieurs publications, notamment dans Dermatologic Surgery et Aesthetic Surgery Journal, rapportent un bon niveau de satisfaction des patients lorsque le geste est réalisé par un médecin expérimenté.
Ces travaux soulignent de manière constante l’importance de l’évaluation préalable, du choix rigoureux du produit et de la maîtrise technique de l’injection. Ils recommandent également, dans la majorité des cas, une approche en deux temps, avec un contrôle 15 jours plus tard pour réaliser une retouche si nécessaire.

Acide hyaluronique seul, ou en combinaison avec le Botox pour la ride du lion ?

Dans la très grande majorité des cas, le traitement optimal de la ride du lion repose sur une association des deux techniques :

  • Le Botox est injecté en premier pour inhiber la contraction musculaire responsable de la ride du lion.
  • L’acide hyaluronique peut ensuite être injecté, 10 à 15 jours plus tard, uniquement si la cassure cutanée persiste, et si le pli est suffisamment marqué pour justifier un comblement.

Cette approche en deux temps permet d’optimiser le résultat esthétique. Elle s’inscrit dans une logique de traitement étiologique : le Botox traite la cause, l’acide hyaluronique corrige la conséquence.

Pourquoi certaines rides du lion ne peuvent pas être traitées par injection d’acide hyaluronique ?

Il est important de rappeler que toutes les rides du lion ne se prêtent pas au comblement. Lorsqu’elles sont exclusivement dynamiques — visibles uniquement lors de la contraction musculaire — il n’existe pas de cassure cutanée à corriger. Dans cette situation, le Botox constitue le seul traitement pertinent, puisqu’il agit directement sur l’hyperactivité musculaire. Injecter de l’acide hyaluronique dans une ride purement dynamique exposerait au risque d’accentuer le pli, voire de créer un bourrelet inesthétique.
Le recours au comblement par acide hyaluronique doit donc être limité aux rides statiques, profondes, qui persistent même après un traitement par toxine botulique. La distinction entre ride dynamique et ride statique constitue un élément clé du diagnostic médical préalable, garantissant la pertinence et la sécurité de la prise en charge esthétique.

L’acide hyaluronique peut-il provoquer des complications spécifiques dans la ride du lion ?

Parmi les différentes zones du visage, la glabelle est considérée comme l’une des plus à risque lors d’un comblement dermique, en raison de son réseau vasculaire terminal particulièrement vulnérable. Une injection trop profonde ou réalisée sans aspiration préalable peut entraîner l’occlusion d’une artère, provoquant une ischémie cutanée, une nécrose localisée, voire — dans de très rares cas mais documentés — une atteinte visuelle par migration rétrograde du produit vers l’artère ophtalmique.
Ces complications, bien que rares, justifient que ce geste soit réservé à des médecins experts, pratiqué avec un matériel approprié (micro-canule, seringue à faible pression) et dans un environnement médical permettant une prise en charge immédiate en cas d’accident vasculaire.
La connaissance de ces risques explique pourquoi de nombreux médecins choisissent de ne pas injecter d’acide hyaluronique dans la glabelle sans traitement préalable par Botox. 

Photo docteur Valeria Romano à Genève

Article rédigé par le Dr Romano Valeria

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